La mérule "lèpre" des habitations
Le 22 mars 2011 a été organisé, par la MAIF , assureur multirisque habitation préoccupé par ce fléau, et la ville de Rennes , collectivité à juste titre tout autant préoccupée, une conférence-débat sur le thème :
La mérule, quels risques ?
Ci-dessous, vous trouverez le contenu de mon intervention
Découvrons la mérule :
ü pour faire simple, la mérule ou Serpula lacrimans est certainement le champignon destructeur des bois de construction le plus répandu et anciennement connu au monde ;
ü en effet, on trouve trace dans la Bible (livre du Lévitique) laquelle évoque la « lèpre des maisons » dont la description correspond tout-à-fait aux dégâts provoqués par la mérule ;
ü iI faut ensuite attendre le XVIIème siècle pour trouver des écrits mentionnant la mérule. Ce sont essentiellement des rapports sur les attaques de ce champignon sur les vaisseaux de la marine en bois.
Le mot « mérule » est variable en genre : il est soit du masculin, comme le nom latin merulius, soit du féminin, genre le plus couramment utilisé. Nous adopterons ce genre pour la suite de l’exposé.
Si pour faire face aux dégradations liées à l’activité d’insectes à larves xylophages ou à celle des termites souterrains le Code de la Construction et de l’Habitation a récemment été complété afin de prendre en compte ce risque aléatoire (art. R. 112.2 & 112.3), le risque lié aux champignons lignivores n’a pas été pris en compte parce que leur présence n’est jamais forfuite :
il ne peut y avoir de champignons sans excès d’eau dans le bâtiment au niveau des bois infestés.
Il existe essentiellement 3 types de champignons lignivores :
- Les champignons agents de pourriture fibreuse, le bois est ramolli et se décompose en fibres ;
- Les champignons agents de pourriture cubique, le bois est desséché et se décompose en cubes ;
- Les champignons agents de pourriture molle, le bois est spongieux.
Développement de mérule sur du bois et une maçonnerie
Développement de mérule sur une pinthe bois et dans un vide sanitaire
Quelques causes :
On ne le répètera jamais assez : sans eau pas de développement de mérule
Au-delà de la condition obligatoire pour que le champignon s’installe, à savoir l’apport d’eau, pour un bon développement les conditions essentielles sont :
• la nécessité d’entretenir régulièrement le bâti ancien ;
• la présence de spores ;
• un bois humide ;
• une atmosphère confinée sans ventilation ni aération ;
• une température adéquate.
Solin fissuré = infiltration Joint périphérique fissuré = infiltration dans le plancher
Défaut de raccordement sur canalisations communes dans un immeuble = infiltration
Nature des travaux :
Le traitement doit prévoir une complète mise à nu des parois infestées, c’est-à-dire le démontage de TOUS les éléments d’habillages tels que plâtre et autres doublages verticaux, tels qu’ossatures métalliques supportant des plaques de plâtres à faces cartonnées, ou horizontaux, tels que faux-plafonds en lambris.
Différentes phases du traitement après avoir mis à nu les parois
La réelle difficulté tient pour l’essentiel au fait que majoritairement, pour des sinistres d’envergures, ces travaux rendent le logement inhabitable et nécessite un relogement temporaire.
De surcroît, le développement ne connaît pas les limites de propriété et il n’est pas rare de constater des développements dont l’origine est à rechercher dans l’immeuble voisin.
Les frais financiers n’en sont alors que plus importants.
Enfin, et il ne le sera jamais assez répété, le défaut de suivi d’un patrimoine ancien, couplé d’un défaut d’entretien, conduit inéluctablement à des dépenses dont les coûts sont prohibitifs pour les copropriétaires de l’immeuble, générant de grandes difficultés financières et sociales.
Ordre de grandeur du coût des travaux (valeur approximative 2011) :
• traitement + piquetage des parois, sur maçonnerie : env. 100 € HT/m²
• traitement sur bois : env. 40,00 € HT/m3
A l’issue de la mise à nu des parois, il convient de procéder à un complet brossage des parois maçonnées atteintes, puis une stérilisation à la flamme et enfin, une pulvérisation et injection d’un produit fongicide.
Conclusions :
En conclusion, d’une part, il faut souligner le caractère pernicieux et invisible de l’attaque de la mérule, ainsi que son développement extrêmement rapide, deux données qui doivent faire prendre conscience de l’urgence à entreprendre les travaux nécessaires de destruction du champignon et d’assainissement des bâtiments infestés.
D’autre part, il faut retenir que les paramètres humidité excessive + obscurité + chaleur sont indispensables pour une installation et un développement de la mérule en présence de matériaux riches en cellulose comme le bois.
Par conséquent, il sera évité de réunir ces conditions et, dans le bâti ancien, il faudra redoubler de vigilance pour détecter de façon précoce une attaque de mérule, afin de pouvoir rapidement enrayer sa progression.
Il ne faut pas sous-estimé les contentieux générés par ce champignon.