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Jacques Argaud - Architecte - Expert près la cour d'appel de Rennes et la cour administrative d'appel de Nantes
18 janvier 2011

Les révisions de PLU devraient être une opportunité pour nos édiles

Au regard des nouvelles obligations techniques, notamment la RT 2012, couplées aux inéluctables évolutions (enfin…) des mentalités, actuellement les procédures de révision des PLU constituent une véritable opportunité pour les collectivités.

Opportunité d’éliminer de ce document d’urbanisme toutes les contraintes reproduites depuis des décennies et fondées sur aucun argument objectif.

Opportunité d’apporter au sein des lotissements un réel renouveau urbanistique fondé non pas sur des critères dépourvus de toute logique mais au contraire sur l’esprit de bon sens qui animait nos anciens.

Nos anciens étaient certes dépourvus des moyens technologiques aujourd’hui connus, tels que les moyens informatiques et autres logiciels permettant des calculs toujours plus rapides et toujours plus complexes, mais ils étaient dotés d’une grande qualité hélas disparue, je veux parler du bon sens.

Les avancées techniques de ces dernières années ont, grâce aux performances des industriels, permis de construire tout et n’importe quoi.

Les constructeurs n’ont eu de cesse de mettre en œuvre de telles prouesses technologiques essentiellement basées sur des performances accrues fort onéreuses pour les particuliers.

Les argumentaires de vente des commerciaux de maisons individuelles ont rapidement évolué pour vanter auprès des consommateurs ces avancées comme étant source de progrès, voire dans l’air du temps.

Les lotissements français en sont le triste reflet, et bien peu de collectivités locales ou de lotisseurs ont eu le courage politique de faire évoluer les cahiers des charges des PLU  et des lotissements.

Il est vrai que faute d’alternative le public a adhéré en masse à ce modèle pourtant condamné par tous les professionnels que sont les urbanistes et les architectes.

Or les critiques sont connues depuis de nombreuses années.

Les lotissements grands consommateurs de terrain, notamment des terres agricoles, encouragent l’étalement et l’usage de la voiture puisque situés en1ère et de plus en plus en 2ème couronne des villes.

 

Quant à la qualité architecturale rencontrée, elle se limite à quelques modèles de maison vendus sur catalogue dont le style -essentiellement un toit à 2 pans- est le plus souvent du temps prescrit par un contraignant cahier des charges de lotissement lequel prévaut sur le PLU communal, d’ailleurs, il faut bien le reconnaître, guère plus novateur.

Il n’est pas rare que les règlements de lotissement fixent arbitrairement une ligne obligée de faîtage des toitures de sens sud/nord, interdisant ainsi toute mise en œuvre de panneaux solaires.

Sur ce point précis, si une prise de position doit être fixée -au nom de quoi d’ailleurs ?-, encore faudrait-il que la ligne de faîtage soit plutôt orientée dans le sens est/ouest de sorte que, pour un toit à 2 pans, celui orienté au sud puisse recevoir des panneaux solaires …

Il est tout autant fréquent que ces mêmes règlements fixent avec une même autorité un retrait du bâti aux limites d’un minimum de 3 mètres, distance qui ne répond à aucune logique sauf à créer un vide non utilisable entre constructions.

Là encore, si une prise de position devait être prise, pourquoi ne pas autoriser, voire imposer, la construction en limite de parcelles permettant ainsi d’utiliser au mieux le terrain.

Pour autant, il serait possible, sans frais supplémentaire, de rédiger des cahiers des charges moins contraignant, laissant plus de liberté aux acquéreurs, par des implantations sur les parcelles permettant une réelle économie de terrain.

Tout en offrant une variété architecturale du bâti, il devrait être possible de construire une maison surmontée d’un toit à 1 pan ou à 2, voire un toit terrasse.

Au nom de la variété, laquelle, sauf erreur, à fait depuis l’antiquité la grande richesse de nos villes, il devrait être possible de mettre en œuvre un autre matériau que le traditionnel parpaing revêtu d’un enduit monocouche de couleur coquille d’œuf !

Proposer une alternative aux lotissements traditionnels !

C’est pour toutes ces raisons que les Maires et les collectivités locales qui oseront se hasarder dans l’élaboration d’un lotissement novateur ont une grande opportunité à saisir.

C’est aujourd’hui qu’il faut prendre les décisions politiques qui dessineront nos campagnes de demain, celles de nos enfants.

C’est aujourd’hui qu’en surfant sur la mode d’une expression -hélas- galvaudée, le développement durable, il faut inciter à faire évoluer de nouveaux quartiers ou lotissements.

Il est pourtant aisé de rédiger un cahier des charges plein de bon sens cher à nos anciens avec entre autre : une emprise limitée des voies de circulation, une optimisation de l’orientation des constructions, une gestion limité et respectueuse de l’eau, ….

Les aménageurs de tels lotissements, qu’ils soient collectivités locales ou lotisseurs professionnels, peuvent volontairement organiser une distanciation des véhicules au simple motif que la sociabilité se cultive entre piétons et non entre automobilistes …

Outre un urbanisme plus convivial des lotissements, par exemple en intégrant des espaces publics tels que placettes ou jardins partagés, ceux-ci devraient chercher à promouvoir une architecture contemporaine plus adaptée aux problématiques environnementales et aux modes de vie actuels.

La mise en œuvre de dispositifs bioclimatiques doit être encouragée.

Même si les résistances demeurent tenaces, voire féroces, même s’il y a encore, hélas, quelques difficultés à s’écarter du style néo-breton imposé par beaucoup de cahiers des charges, il convient impérativement de permettre de changer de style pour être en mesure de changer de mode de vie.

Pour l’heure, bon nombre de règlements de lotissements sont élaborés pour ne construire qu’une maison de plan carré ou rectangulaire plantée au milieu d’une parcelle, ce qui est la solution la plus absurde puisque la superficie de terrain situé à l’entrée de la maison n’est jamais utilisée (sauf peut-être pour des nains de jardin) tandis que le terrain sur l’autre façade est forcément bien raccourci.

Bref, il y a -encore- fort à faire … ___________________________________________________________________________________________

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